Touching the Sun: “Let’s see what lies ahead” (Parker, 2017), 2018-2025, huiles sur toile présentées dans DataffectS à la Galerie de l'UQAM_Crédit photo: Richard-Max Tremblay

Touching the Sun: “Let’s see what lies ahead” (Parker, 2017), 2018-2025, huiles sur toile présentées dans DataffectS à la Galerie de l’UQAM_Crédit photo: Richard-Max Tremblay

Véronique Savard s’intéresse depuis plusieurs années aux textualités numériques (courriers électroniques, pourriels, politiques d’utilisation, hyperliens ou mots cliquables, etc.), à ce qu’elles révèlent sur le monde, ses structures perceptives, idéologiques et sociales. Elle examine plus précisément la tension que peuvent produire certaines sollicitations numériques une fois retranscrites dans l’espace du tableau. C’est par le biais de la peinture et sur des surfaces de grand format que Savard met en évidence et interroge les divers enjeux sociaux, économiques et politiques associés aux structures paradigmatiques qui découlent des réalités langagières numériques.

Plus récemment, l’artiste se consacre à son projet intitulé Touching the Sun: “Let’s see what lies ahead” (Parker, 2017), 2018-2025 qui est certes l’un de mes projets les plus passionnants sur lesquels Savard a travaillé jusqu’à maintenant. En effet, l’entreprise picturale dont il est question prend pour point de départ son adhésion, le 23 mars 2018, à une invitation publique de la NASA afin que son nom soit ajouté à une carte mémoire intégrée à bord de la sonde Parker Solar Probe. Il en découle que son nom comme trace numérique concrète a été lancé à travers le cosmos, faisant de cet enregistrement, le point de départ conceptuel d’une intervention qu’elle revendique en tant que projet artistique et véritable œuvre d’art. En outre, cette trace numérique est devenue une occasion extraordinaire pour effectuer un rapprochement pictural et poétique avec le vaisseau spatial. Ainsi ce projet tire parti des données de géolocalisation de la sonde pour créer des compositions picturales uniques. En utilisant un langage visuel inspiré des graphiques de la NASA et des paysages aériens, ces huiles sur toile de grande envergure explorent les mystères de l’espace et de la lumière.

Chaque composition picturale créée pour ce projet représente une fusion entre abstraction et figuration, capturant les moments où la sonde se rapproche le plus du soleil. Alors que la mission de la sonde touche à sa fin avec le dernier périhélie[1] prévu pour le 19 juin 2025, ce projet artistique marque une convergence entre l’exploration spatiale et l’expression artistique, culminant avec la fusion symbolique, voire allégorique du vaisseau, de la carte mémoire et de son nom sur notre étoile.

Véronique Savard est chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal. Elle détient un doctorat en études et pratiques des arts. Ses recherches portent sur le dialogue intermédial entre textualités numériques et la pratique picturale. Son travail a été diffusé dans de nombreuses galeries au Québec et au Canada, dont la Galerie de l’UQAM, et a été récompensé par de prestigieuses distinctions dont la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain et la Bourse de doctorat Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. En plus de faire partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal, ses œuvres figurent dans de nombreuses collections corporatives, d’entreprises et privées. 

Pour plus d’informations, je vous invite à lire sa thèse de doctorat « Le tableau-écran : pour une perspective de recherche intermédiale entre textualités numériques et pratique picturale » déposée au Doctorat en études et pratiques des arts à Université du Québec à Montréal

ou

 La remédiation du cyberespace dans la peinture de Véronique Savard, par Teva Flaman Ph.D. et Pierre-Luc Verville M.A., publié chez Archée.


[1] Point de l’orbite d’un objet spatial qui est le plus proche du Soleil